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Le foyer des aïeux. Figures oubliées de la IIIe République

par Paul Klotz et Milan Sen

Nombre de personnalités de la IIIe République sont injustement oubliées. Parmi elles, Léon Gambetta, Léon Bourgeois, Émile Combes, Madeleine Pelletier, Albert Thomas et Léo Lagrange, dont la trajectoire et les combats sont exposés dans cet ouvrage, qui retrace ainsi le cheminement d’immenses progrès sociaux, la naissance d’idées révolutionnaires et la beauté de l’engagement républicain.

À Maurice Barrès en 1910 qui attaquait la gauche sur sa volonté de transformer en profondeur la société, quitte à mettre de côté toute la tradition française, Jean Jaurès donnait une réplique qui se trouve au cœur du message du présent ouvrage. Le regard porté vers le passé n’est pas et ne doit pas être l’apanage d’une droite réactionnaire, qui n’y voit qu’un prétendu âge d’or. Ainsi le tribun du Tarn asséna : « Messieurs, oui, nous avons, nous aussi, le culte du passé. Ce n’est pas en vain que tous les foyers des générations humaines ont flambé, ont rayonné ; mais c’est nous, parce que nous marchons, parce que nous luttons pour un idéal nouveau, c’est nous qui sommes les vrais héritiers du foyer des aïeux ; nous en avons pris la flamme, vous n’en avez gardé que la cendre ».

En brandissant cette flamme qui anima nos aïeux, cette flamme des luttes passées, cet ouvrage cherche à réveiller. Réveiller, d’abord, la mémoire de personnalités oubliées de la IIIe République, injustement dissimulées dans les replis de l’Histoire. Ferry, Clemenceau, Blum ou Jaurès ne sont pas les seuls à mériter d’être étudiés et salués. Les valeurs qui fondent aujourd’hui notre contrat social sont faites de trajectoires personnelles et d’idées originales trop souvent méconnues.

Car c’est là que réside la seconde finalité du Foyer des aïeux : réveiller une éthique de l’élu, un attachement à la politique, à l’heure où cette forme d’engagement a perdu de sa superbe. Jadis figures éclatantes du débat public, les responsables politiques peinent aujourd’hui, malgré eux, à regarder par-delà le court terme, prisonniers d’une exigence d’efficacité et de communication immédiate. Le lien de confiance entre représentants et représentés s’est effilé, tandis que s’est accrue la fragmentation de la société.

En exhumant les combats de Léon Gambetta, Léon Bourgeois, Émile Combes, Madeleine Pelletier, Albert Thomas et Léo Lagrange, cet ouvrage retrace le cheminement d’immenses progrès sociaux, la naissance d’idées révolutionnaires et la beauté de l’engagement républicain. Mettre en avant ces figures, c’est rappeler que l’engagement ne peut se contenter d’être un ferment critique, mais qu’il doit toujours conjuguer pensée et action.

Table des matières

Introduction

Léon Gambetta, le compagnon de la République
La naissance d’un mythe
– La nuit tombe à Sedan, le jour se lève à Paris
– L’idéal à l’épreuve du pouvoir
L’opportuniste, ou le commis voyageur de la République
– Le sens du compagnonnage humain
Gambetta : une méthode et un humanisme concrets pour le XXIe siècle
– Retrouver l’esprit du banquet républicain

À l’origine de l’impôt sur le revenu : Léon Bourgeois et le solidarisme
Une vie au service du bien public
L’impôt sur le revenu : une évidence d’aujourd’hui qui fut une controverse d’hier
– La Révolution française, la fiscalité et les « quatre vieilles »
– L’individu seul
– La question de l’impôt sur le revenu sera-t-elle posée ?
Le solidarisme, doctrine philosophique de la IIIe République
– Une doctrine politique inscrite dans son temps
– La solidarité organique, fait naturel et social
– La dette sociale et la part sociale du travail
– Le « quasi-contrat »

Émile Combes et la laïcité
D’ancien séminariste à « bouffeur de curé »
Émile Combes ou le moment anticlérical de la République française
– Un siècle de guerre des deux France
– « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! »
– Le tournant réactionnaire de l’Église catholique durant l’affaire Dreyfus
– Les élections de 1902, l’avènement de la « République radicaliste »
– L’interdiction et l’expulsion des congrégations religieuses
– Gallicanisme ou séparation ?
Un anticléricalisme d’État au service de l’émancipation ?
– Pour penser par soi-même, une nécessaire laïcisation de l’enseignement ?
– Un nouveau dogmatisme républicain ?
– L’émancipation, une philosophie laïque de l’école
– Anticléricalisme et anti-religiosité, deux faces d’une même médaille ?
– Une émancipation limitée à la sphère religieuse

Madeleine Pelletier, plusieurs siècles trop tôt
Un destin de combat
– Madeleine Pelletier ou le courage en politique
– La naissance d’une militante
– Une théoricienne novatrice de l’inégalité
– La logique du militantisme « total »
– La voie partisane, une opportunité pour le féminisme ?
– Les désillusions d’une idéaliste
Madeleine Pelletier et la « virilisation » des femmes
– Madeleine Pelletier et le risque de la colère

Albert Thomas et le réformisme
Itinéraire d’un socialiste réformiste
– Albert Thomas ou l’idéal-type du socialiste normalien
– Le voyage en Allemagne, terre du révisionnisme
– Un passeur d’idées engagé dans la bataille idéologique
– Un homme politique au service des ouvriers et des Campinois
– Du pacifisme socialiste au « ministre des Obus »
– Un administrateur social de l’après-guerre dans un concert des nations en reconstruction
La leçon d’Albert Thomas : à quoi sert un parti politique ?
– Le parti ne doit pas être isolé du reste des composantes de la nation politique
– Le parti, le syndicat et la coopérative, dans le désordre
– Un parti politique ouvert au monde des idées

Léo Lagrange, politiser la vie sensible
Léo Lagrange, artisan du « socialisme humain »
– Entre loisirs et émancipation, itinéraire d’un socialiste rêveur
– Le jeune soldat et l’avocat des gueules cassées
– Du congrès de Tours aux tribunes de l’Avesnois
– L’expérience ministérielle de Léo Lagrange
– L’éveil du corps, préalable à l’éveil des masses
– Réinventer la culture populaire
– L’ultime sacrifice
Lagrange, premier artisan de la politisation de l’émerveillement ?

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