Les archives de Pierre Renaudel
Vétérinaire de formation, habitué des tribunes des congrès socialistes, il participe à la rédaction et l'administration du journal socialiste L'Humanité. Il en assure la direction après l'assassinat de Jean Jaurès dont il fut témoin direct. Élu député du Var en 1914, Pierre Renaudel devient l'une des figures du courant majoritaire, favorable à l'Union sacrée et à la défense nationale. Réélu député en 1924, il occupe ce mandat jusqu'à son décès.
Animant le courant La Vie socialiste, dont il dirige le journal éponyme, il est favorable à une participation des socialistes dans les gouvernements de gauche à côté des radicaux. Il quitte alors la SFIO en 1933 pour constituer le Parti socialiste de France. Profondément républicain et fidèle aux idées de Jaurès, il prend ses distances avec certains de ses camarades néo-socialistes. Malade, il part se soigner en 1934 aux îles Baléares, où il décède le 1er avril 1935.
Le fonds Renaudel étant toujours en cours de classement, seules quelques séries thématiques ont fait l'objet de numérisation et d'une mise en ligne :
C’est un vendredi après-midi, le 28 mars 2014, que les archives de Pierre Renaudel (1871-1935) sont réapparues. Alors que l’exposition Jaurès venait d’ouvrir aux Archives nationales et que la Fondation Jean-Jaurès entamait une « année Jaurès 2014 » riche d’événements, la petite-fille de Pierre Renaudel, Monique Bonnier Pitts nous contacta pour nous proposer dans un premier temps des manuscrits de Jaurès et un buste de son grand-père. Le lundi suivant, au cours de rangements dans le week-end, c’est tout un ensemble de boîtes d’archives et d’ouvrages qu’elle avait mis au jour et qu’il fut possible de découvrir dès le lendemain.
Pierre Renaudel, dont le parcours est présenté dans le billet de Gilles Candar eut un fils et une fille, Thérèse, qui épousa en 1923 Claude Bonnier, compagnon de la Libération, décédé en 1944 (une biographie de Claude Bonnier est disponible sur le site Internet du Musée de l’Ordre de la Libération). Le couple eut deux enfants, Nicole, décédée à Paris le 20 janvier 2015, et Monique. Cette dernière se maria avec un Américain et vit depuis lors aux Etats-Unis. Thérèse Renaudel, décédée en 1991, vécut avec sa fille Nicole dans l’appartement familial près du Bois de Boulogne, conservant les souvenirs de ces deux hommes, Pierre Renaudel et Claude Bonnier. Ce sont ces souvenirs, objets, archives et ouvrages, comme réunis et figés dans le temps depuis plus de 60 ans, qui réapparurent au printemps 2014 et furent confiés à la Fondation Jean-Jaurès.
c’est un fonds d’archives unique pour un responsable socialiste face au devenir des archives des organisations partisanes précédant 1905 puis celles de la SFIO
Rapidement, il fut facile d’isoler les pièces relatives à Jean Jaurès que Renaudel a trouvé dans le bureau de L’Humanité en août 1914, ou dans le casier parlementaire de Jaurès comme l’indique une mention sur une chemise. Année 2014 oblige, quelques objets ont intégré très vite l’exposition Jaurès contemporain au Panthéon comme les lunettes ou le porte-plume de Jaurès. Les manuscrits , pour certains visiblement inédits, font l’objet de publications commentées. En juin 2014, une interview dans L’Express de Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, fut l’occasion de dévoiler ces « trésors ».
Parallèlement, le nettoyage, le reconditionnement et le récolement du fonds d’archives principal commencèrent, l’inventaire est actuellement en cours. Quelques grands ensembles se détachent, et il est nécessaire de souligner la richesse du fonds par déjà tout simplement la période chronologique couverte, de la dernière décennie du XIXe siècle à 1935 : c’est un fonds d’archives unique pour un responsable socialiste face au devenir des archives des organisations partisanes précédant 1905 puis celles de la SFIO. Renaudel était un homme de presse, et une part des photographies, des dessins, des collections de journaux conservées ou des brouillons d’articles en témoignent, que ce soient pour la Vie socialiste ou l’Humanité. Au total, le fonds d’archives représente 54 boîtes soit environ 250 dossiers, auxquels il faut ajouter l’ensemble des livres et des brochures de sa bibliothèque. L’historien trouvera notamment de riches séries de correspondance et des notes personnelles prises lors de réunions, que ce soient lors de comités de rédaction, des séances de la commission Armée de la Chambre des députés entre 1914 et 1919 ou pendant des réunions internationales dès 1918 puis de l’Internationale ouvrière socialiste après 1923. L’inventaire définitif affinera ces trop brèves remarques.